Alexandra Pasti

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Alexandra Pasti


Photographe

alexandrapasti.fr/
Behance



Avant de me lancer dans le stylisme culinaire, j'ai étudié la mode puis la décoration. J'ai commencé jeune à m'intéresser au dessin, à la photographie et la couture. En revanche, je me suis mise à la cuisine assez tard !

RC. Quel est ton parcours et comment as-tu découvert ce métier ?

A 24 ans, j'ai découvert mon métier un peu par hasard, en tapant à la porte de quelques photographes après mon diplôme en décoration. Je pensais éventuellement découvrir le stylisme photo pour les magazines déco, mais au lieu de ça, j'ai rencontré celle qui était à l'époque l'unique styliste culinaire nantaise. Elle cherchait une assistante à former et m'a d'abord proposé de l'accompagner sur quelques shooting pour l'observer et voir si son métier me plaisait. Malgré mes faibles connaissances en cuisine au départ, ma grande gourmandise et ma curiosité m'ont guidé vers cette voie.

En décoration, je m'intéressais plutôt à la branche merchandising/évènementiel et j'ai retrouvé dans le stylisme culinaire ce travail autour de projets éphémères. Je pense que ça rend ma mission plus ludique et c'est ce qui me permet d'être plus créative.

Je suis aussi attirée par la minutie requise et la variété des projets. La réalisation d'un packaging ou d'un livre de recettes ne fait pas appel aux mêmes aptitudes. Ca m'amuse de raconter des histoires pour faire saliver les gens !
Je ne regrette pas du tout d'avoir laissé de côté la déco, j'aurais vite été fatiguée par la logistique nécessaire. En culinaire, c'est déjà bien assez compliqué de transporter des fonds photos et de la vaisselle, alors des canapés... Et puis le culinaire, c'est aussi l'art de la table ! J'ai vraiment le sentiment de faire un métier assez varié.

Credits
Photographes : Gildas Paré, Tara Devaud, Julien Mota, Ana Texeira, Camille Dronne, Pierre Picard, Fabrice Audio, Appelle Moi Papa

RC. Qu'est ce qui te démarque des autres ?

Dans ce métier, on suit tous des tendances. Il est donc difficile de faire preuve de véritable originalité.

Ceci dit, outre les ambiances romantiques et fleuries qui me parlent beaucoup, j'ai remarqué que j'ai souvent été amenée à réaliser des photos plus conceptuelles, jouant sur le côté graphique et très minutieux. Mon dernier projet pour les Tables de Nantes en est un bon exemple, mais aussi la série personnelle autour d'assiettes cassées réalisée avec Gildas Paré. J'ai beaucoup exploré cette piste avec des clients comme Sodebo par exemple.

RC. Quel est ta philosophie sur ce métier ?

Je pense que c'est un métier passionnant. Mais j'aime prendre un peu de distance parfois avec les enjeux de la photographie publicitaire. Sur les projets type pack ou pub, il y a souvent beaucoup de personnes impliquées, de gros moyens et parfois énormément de stress. Je suis à 100% investie à satisfaire mon client et l'aider à développer sa marque, mais à la fin, je ne change pas le monde... Un peu de recul n'est pas de trop pour continuer à travailler avec plaisir et créativité. J'aime aussi travailler avec un vrai esprit d'équipe. Pendant longtemps, les photographes ont été mis sur le devant de la scène, les stylistes faisant surtout office d'exécutants. Aujourd'hui, ça fonctionne moins comme ça, on commence à réaliser que le stylisme n'est pas un détail dans une photographie culinaire. Nous avons depuis 2017 le droit d'avoir le statut d'auteur, tout comme les photographes. En tout cas, mes projets les plus réussis, je les ai fait dans cet état d'esprit d'écoute et de respect mutuel. Une photo culinaire, c'est 50/50 !

RC. Comment te prépares-tu ?

Selon les projets, la préparation n'est pas la même. Pour les projets techniques comme le packaging, l'anticipation est primordiale. Il faut parfois tester certains rendus en avance chez soi, bien prévoir le matériel dont on aura besoin et les ingrédients en quantité suffisante, surtout si on doit, par exemple, refaire plusieurs fois quelque chose qui ne marche pas du premier coup ou un résultat que le client ne valide pas... Pour les photos d'ambiance, il faut aussi prévoir tout l'art de la table et projeter l'image dans sa tête avant le jour J, même si on peut réajuster selon l'inspiration du moment. De façon générale, je pense que tous les stylistes passent beaucoup de temps à regarder des images culinaires. Déjà, parce que ça nous plait, mais aussi pour suivre les tendances et rester inspirés. C'est comme un musicien, avant de jouer ou créer il a déjà une culture musicale. Nous développons nous aussi une culture de l'image. Quand je regarde une photo culinaire, au delà de l'émotion qu'elle m'inspire, j'analyse tout de suite les matériaux et la vaisselle choisie, le type de lumière et son orientation, les couleurs, la composition, ... mais tout ça vient avec l'expérience et selon la sensibilité de chacun. Quand on fait nos courses ou qu'on se balade, même en vacances, on pense sans arrêt à dénicher des accessoires qui pourraient nous servir pour une photo. Il y a beaucoup de petites choses qui nous prennent du temps en dehors des shooting dont on ne s'en rend pas forcément compte. Certains projets nécessitent des recherches et des préparations bien spécifiques et il est important de facturer ce temps là, même s'il parait difficilement quantifiable.

RC. Quelle est ta pire expérience ? sans citer de nom !

Il y a plusieurs années, j'ai été amenée à travailler dans un énorme studio qui s'apparentait plutôt à une usine, près de Paris. Les photos étaient destinées à la grande distribution, j'y ai effectué une mission de 15 jours. J'ai eu d'autres missions difficiles dans ma carrière mais celle-ci fait incontestablement partie des pires ! Une vingtaine de photographes et de stylistes se côtoyaient dans une ambiance pas toujours agréable, pour un travail peu créatif et un client jamais satisfait. Je n'ai jamais accepté d'y retourner. Heureusement, ce genre d'expérience reste rare, et la plupart du temps, il y a une bonne ambiance au sein de l'équipe et avec les clients !

RC. As tu des projets à venir ?

Je travaille actuellement sur un hors série pour le magazine Bretons en cuisine, de la rédaction de recettes à la réalisation des photos, avec le photographe Julien Mota. J'ai quelques shooting prévus par ci, par là... mais les conditions actuelles laissent planer un léger doute sur l'avenir. Il m'arrive avec certains photographes de travailler sur des créations personnelles, en dehors de toute commande. Ce n'est pas toujours évident de coordonner nos agendas mais c'est important pour moi de le faire. Même si l'inspiration ne vient pas toujours facilement, c'est tellement agréable de retrouver la liberté d'exprimer sa créativité ! Le résultat peut être moins réussi parfois, mais c'est comme pour tout, c'est comme ça qu'on apprend... Et dans ce métier, on n'arrête jamais d'apprendre !


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Redaction Raw Magazine
Traduction Karine Robin

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